Pour moi, le cinéma n'est pas qu'un divertissement.
C'est un carrefour magique où tous les arts se rencontrent et fusionnent.
L'image qui capture l'instant parfait comme la peinture ou la photographie.
Le son qui émeut et transporte comme la plus belle des symphonies.
Le mouvement qui raconte comme une chorégraphie silencieuse.
Les mots qui résonnent comme un poème ou un roman bien ciselé.
Cette alchimie unique crée quelque chose de plus grand que la somme de ses parties. Une expérience totale qui peut, en deux heures à peine, nous faire voyager dans d'autres vies, d'autres mondes, d'autres possibles.
Le cinéma est cette rare création humaine qui parvient à équilibrer (parfois) l'art le plus pur et le commerce le plus pragmatique.
Une industrie gigantesque (plus de 2000 milliards de dollars par an) qui peut autant produire des œuvres calibrées pour les masses, qu’accoucher de petits miracles de créativité qui transforment notre regard sur le monde.
Et c'est précisément dans ce déséquilibre fascinant, dans cette tension entre conformisme commercial et audace artistique, que le cinéma me fascine le plus.
Car loin des blockbusters formatés, il existe encore ces espaces où l'art respire librement, où l'expérience devient véritablement transformative.
Chaque année, pendant douze jours, une petite ville côtière française devient l'épicentre mondial de cet art tout entier.
Les stars y défilent.
Les créateurs y tremblent.
Les producteurs y négocient.
Les journalistes y affluent.
Les passionnés y rêvent.
Le Festival de Cannes.
J'ai eu la chance, il y a quatre ans, d'effleurer cette magie.
Ma compagne travaillait en stage à Monaco, et j'ai pu assister à une projection sur la plage de Cannes pendant le festival.
Pas le tapis rouge, pas les marches du Palais, juste un film sous les étoiles, avec la mer comme toile de fond et l'effervescence du festival tout autour.
Ce moment reste gravé dans ma mémoire.
Ce n'était pas seulement un film, car d'ailleurs je ne sais même plus ce que j'ai vu.
C'était l'impression de participer à quelque chose de plus grand.
D'appartenir, le temps d'une soirée, à cette communauté mondiale unie par l'amour d'un art.
L'ébullition créative comme carburant
Le Festival de Cannes n'est pas une simple remise de prix.
Contrairement aux Oscars ou aux Césars, c'est avant tout un moment de communion.
Derrière le glamour et les paillettes, le Festival de Cannes est une véritable célébration de la créativité.
Ici, ce ne sont pas les blockbusters qui règnent en maîtres, mais l'audace artistique.
Pulp Fiction, The Tree of Life, Parasite, Titane, Anola.
Ici, on ne parle pas de succès commercial, mais de Cinéma avec un grand C.
Pendant une semaine, cinéphiles, stars, producteurs et réalisateurs se retrouvent et partagent leur amour du septième art.
Une semaine intense où l'on visionne huit films par jour.
Une semaine de célébration.
Une semaine où le cinéma devient le centre du monde.
C'est là que réside sa véritable magie.
Dans cette bulle temporelle où se croisent les génies et les novices, les légendes et les espoirs, les créateurs et leurs publics.
Cette alchimie unique produit quelque chose d'essentiel pour toute industrie créative : des connexions inattendues, des rencontres fortuites, de l'ébullition collective.
Combien de collaborations sont nées sur la Croisette ?
Combien d'idées ont germé entre deux projections ?
Combien de vies ont basculé dans cette semaine hors du temps ?
Contrairement à d'autres célébrations cinématographiques qui honorent le passé, Cannes est résolument tourné vers l'avenir.
Ce n'est pas une rétrospective, mais une projection vers le futur.
On y découvre les œuvres qui définiront les tendances de demain.
On y repère les talents émergents.
On y pressent les nouvelles directions que prendra le septième art.
C'est cela, l'essence d'une célébration créative : créer les conditions pour que la magie opère.
Le design, un art sans temple ?
Face à cette célébration du cinéma, notre monde du design semble étrangement dispersé.
Le design est partout.
Dans chaque objet que nous utilisons.
Dans chaque interface que nous consultons.
Dans chaque espace que nous habitons.
Et pourtant, nous semblons être nulle part.
Pas de moment de communion annuelle qui rassemblerait toute notre industrie.
Pas de lieu de pèlerinage où convergeraient tous les talents.
Pas de semaine où le design serait au centre du monde.
Bien sûr, il y a des conférences.
Des keynotes.
Des meetups.
Des design weeks dispersées à travers le globe.
Mais aucun n'atteint cette résonance, cette ampleur, cette magie que dégage Cannes.
Et je me demande : pourquoi ?
Une industrie sans visage ?
Peut-être est-ce parce que le design n'est pas comme le cinéma.
Ce n'est pas un art grand public.
Le design est un vecteur, un moyen, rarement une fin en soi.
Il se fond dans le produit qu'il habille, dans l'expérience qu'il facilite, dans la fonction qu'il rend possible.
Le cinéma a ses icônes, ses auteurs, ses visages reconnaissables.
Le design, lui, reste souvent anonyme, invisible, fondu dans le quotidien.
La seule branche du design qui s'approche peut-être de cette reconnaissance publique est la mode, avec ses Fashion Weeks qui parviennent à créer ce sentiment de communauté et cette reconnaissance mondiale.
Mais pour le reste d'entre nous – designers UX, UI, produit, graphiques, industriels – où est notre moment de communion collective ?
L'isolation comme norme ?
Cette absence m'a longtemps semblé normale. Une fatalité de notre métier.
Lorsque je regarde mon parcours, je réalise que je connais peu de personnes de mon domaine en dehors de mes anciens collègues et camarades de classe.
Nous sommes pourtant ultra-connectés.
Sur LinkedIn, Twitter, Dribbble, Behance...
Nous partageons nos travaux, nous nous inspirons mutuellement, nous échangeons à distance.
Mais ces connexions numériques ne remplacent pas la magie des rencontres réelles, des discussions impromptues, des moments de partage authentiques.
Et cette isolation a un coût.
Car mes meilleures idées sont toujours nées de rencontres, de discussions, de frictions créatives avec d'autres.
Buro lui-même est né ainsi.
D'une conversation.
D'une étincelle humaine.
Imaginer notre Cannes
Alors j'ose rêver.
J'ose imaginer ce que pourrait être notre Cannes du design.
Un lieu qui deviendrait, pendant une semaine, le centre mondial de notre art.
Un espace où convergeraient toutes les branches du design, tous les talents, toutes les visions.
Un festival qui ne serait pas qu'une succession de conférences ou d'expositions, mais une véritable célébration collective.
Un moment où l'on pourrait s'immerger totalement dans notre passion commune.
Pas juste pour s'auto-congratuler ou distribuer des prix, mais pour partager, apprendre, se rencontrer.
Pour créer ces connexions inattendues qui font avancer tout un domaine.
Je l'imagine quelque part en Europe.
Peut-être à Montmartre, berceau historique de tant de mouvements artistiques.
Ou à Copenhague, emblème du design scandinave.
Ou encore à Berlin, carrefour des cultures et des influences.
Un lieu avec une âme, une histoire, une identité.
Comme Cannes pour le cinéma.
J'imagine un lieu où l'on présenterait non pas les designs d'hier, mais les créations de demain.
Où l'on découvrirait les prototypes qui changeront notre quotidien. Où l'UI, l'UX, le design industriel, le graphisme et toutes les disciplines du design cohabiteraient non pas en silos, mais en dialogue permanent.
Un festival qui célébrerait l'impact du design sur nos vies.
Qui montrerait au monde que derrière chaque objet, chaque interface, chaque affiche, il y a des créateurs, des penseurs, des visionnaires.
L'émerveillement comme moteur
Quand je pense au Festival de Cannes, je suis toujours saisi.
Un sentiment.
Un émerveillement.
Une passion.
Une envie.
Ces émotions sont le carburant de toute créativité.
Ce sont elles qui nous poussent à nous dépasser, à explorer, à innover.
Dans notre quotidien de designers, ces moments d'émerveillement collectif sont trop rares.
Nous les vivons souvent seuls, devant nos écrans, à la découverte d'un travail inspirant ou d'une innovation marquante.
Mais imaginez ce que serait cet émerveillement vécu collectivement.
Cette passion partagée en temps réel, face à face, cœur à cœur.
Une invitation à créer ensemble
Ce n'est pas qu'une rêverie nostalgique ou un caprice de cinéphile.
Je crois profondément que notre industrie a besoin de ces moments de communion.
De ces espaces de célébration.
De ces rituels collectifs qui renforcent notre identité commune.
Pas pour nous isoler du monde, mais au contraire pour mieux y contribuer.
Pour revenir à l'essence même du design : créer des connexions.
Entre les humains.
Entre les idées.
Entre les possibles.
Alors peut-être est-il temps d'imaginer ensemble ce que pourrait être notre Cannes.
Notre moment de gloire collective.
Notre célébration de tout ce que le design apporte au monde.
Non pas pour imiter le cinéma, mais pour trouver notre propre voie.
Notre propre rituel.
Notre propre magie.
Car si Cannes m'a appris une chose, c'est que la créativité n'est jamais aussi puissante que lorsqu'elle est célébrée collectivement.
Peut-être qu'un jour, je lirai dans vos réponses à cette newsletter la graine d'une idée qui deviendra cette célébration dont notre communauté a tant besoin.
Peut-être que quelque part, parmi vous, se trouve déjà la personne qui imaginera notre Festival de Cannes du design.
En attendant, je continuerai de rêver à ce moment où le design aura enfin son tapis rouge.
Son moment de gloire.
Sa célébration.
À très vite,
Michel
📝 Citation du Jour
« Le cinéma, c'est l'écriture moderne dont l'encre est la lumière. »
— Jean Cocteau
🚀 Et maintenant, à toi de jouer !
🎲 Partage cette réflexion
Cette newsletter a résonné avec ton expérience de designer? Elle t'a fait rêver d'un monde où notre art serait célébré collectivement?
Alors partage-la! Chaque partage est une étincelle qui pourrait un jour allumer le feu de notre propre Cannes.
📬 Rejoins l'aventure !
Une newsletter qui explore le design, la créativité et l'innovation. Un laboratoire d'idées pour façonner un avenir qui nous ressemble et nous rassemble.
💡 Discutons ensemble !
J'aimerais vraiment connaître ton point de vue :
Quelle célébration du design t'a le plus marqué dans ta carrière?
Si tu devais imaginer un "Cannes du design", où l'installerais-tu et pourquoi?
Quelles rencontres ont le plus transformé ta façon de voir ton métier?