Le Design Personnel : Quand la méthode scientifique rencontre l'art de vivre
Pourquoi nous devrions tous devenir les designers de notre propre existence
Il y a trois ans, j'étais freelance en Nouvelle-Zélande.
Liberté totale.
Horaires flexibles.
Pas de patron.
Le rêve entrepreneurial.
Pourtant, en quelques semaines, ma vie s'est effondrée.
Plus de sport.
Plus de routine.
Plus de structure.
Je dérivais comme un bateau sans ancre, incapable de créer la moindre discipline personnelle.
Puis, à côté de mon travail de freelance, j'ai décroché un CDI temporaire. Horaires fixes, bureau imposé, contraintes partout.
Et miracle : ma vie s'est réorganisée instantanément.
Récemment, j'y ai repensé, surtout depuis que je développe Buro.
Comment expliquer ce paradoxe ?
Pourquoi avoir plus de liberté m'avait-il rendu moins actif ?
La réponse était sous mes yeux depuis toujours.
Je ne la voyais simplement pas.
La révélation qui change tout
Ce qui m'a frappé, c'est que j'avais inconsciemment appliqué une méthode.
Observer le problème : liberté totale = paralysie productive.
Analyser les causes : absence de contraintes structurantes.
Tester une solution : accepter un CDI temporaire avec horaires fixes.
Mesurer les résultats : retour immédiat de l'efficacité et de l'équilibre.
J'avais designé une solution à mon problème.
Sans m'en rendre compte, j'avais appliqué exactement la même approche qu'un UX designer face à un parcours utilisateur défaillant.
Mais en creusant cette intuition, j'ai réalisé quelque chose.
Cette approche, je ne l'avais pas inventée en Nouvelle-Zélande.
Je la pratiquais depuis l'adolescence.
Retour aux origines : le laboratoire du lycée
L'année du Bac, j'avais fait un choix qui semblait irrationnel.
Rester dans mon lycée actuel plutôt que de changer pour optimiser mes résultats.
Pourquoi ?
Changer signifiait changer de profs, de programme, d'organisation.
Le risque : découvrir qu'ils avaient déjà fait ce que j'avais vu, qu'ils allaient continuer par ce que j'avais déjà fait.
Résultat : 2h de trajet quotidien.
Mais ces 2h, je les avais transformées.
Je lisais.
J'apprenais.
Je dessinais.
Je faisais mes devoirs.
Je découvrais ce que j'aimais et qui j'étais.
Inconsciemment, j'avais appliqué ce qui est devenu ma règle PAPE :
Personnel : Mon nouveau lieu de vie
Administratif : Le Bac
Professionnel : Le Lycée
Exploration : Le temps de trajet
J'avais designé ma contrainte en opportunité.
Sans le savoir, à 17 ans, je faisais déjà du design thinking appliqué à ma propre vie.
L'universalité cachée
Cette prise de conscience m'a fait observer autrement.
Mes parents ?
Deux cafés, une clope, et hop c'est parti.
Leur protocole d'activation matinal.
Testé, validé, optimisé au fil des décennies.
Ma compagne ?
Son trajet à vélo qui aère son esprit, lui fait de l'exercice et lui fait pétiller les yeux face à la montagne.
Son rituel de transition quotidien.
Une solution élégante pour connecter maison, nature et bureau.
Chacun a développé son système pour passer d'un état à un autre.
Des solutions personnalisées, affinées par l'expérience, adaptées à sa personnalité unique.
Et soudain, l'évidence :
Nous passons notre vie à résoudre des problèmes.
Comment être plus productif ?
Comment équilibrer vie pro et perso ?
Comment créer des habitudes durables ?
Comment optimiser notre énergie ?
Mais résoudre des problèmes, c'est exactement la définition du design.
Voici ce que dit Wikipedia : "Le design consiste à répondre à des besoins, résoudre des problèmes, proposer des solutions nouvelles ou explorer des possibilités pour améliorer la qualité de vie des êtres humains."
Si le design c'est résoudre des problèmes Et que tout le monde vit des problèmes ... Alors nous sommes tous des designers.
L'art invisible du quotidien
Cette révélation transforme notre perception du monde.
Les politiques ? Ils designent des pays.
Les entrepreneurs ? Ils designent des solutions de marché.
Les parents ? Ils designent l'éducation de leurs enfants.
Même La Soulane, ce tiers-lieu près de chez moi, designe le tissu social local. En organisant des événements qui chamboulent les mentalités montagnardes (Festival Queer Esquère), ils transforment progressivement les relations et les comportements.
Du design d'objets au design social, nous sommes tous des designers qui s'ignorent.
Car comme je le rappelle souvent : design = résoudre des problèmes.
Pas "faire du beau".
Prenons de la distance pour comprendre
Si nous designons tous naturellement, qu'est-ce qui distingue ceux qui réussissent de ceux qui restent bloqués ?
La méthode.
Car j'ai découvert quelque chose de fascinant : le design thinking n'est rien d'autre que la méthode scientifique appliquée à la résolution de problèmes.
Regardez :
Hypothèse (identifier le problème)
↓
Observation (explorer et comprendre)
↓
Expérimentation (tester une solution)
↓
Analyse (évaluer les résultats)
↓
Itération (recommencer jusqu'à ce que ça marche)
Design Thinking = Méthode Scientifique = Instinct de Survie Humain
Cette équation révèle quelque chose de fascinant : ce que les entreprises paient des milliers d'euros à apprendre en formation "Design Thinking", nous le faisons naturellement depuis l'enfance.
La différence ?
Nous ne le nommons pas.
Nous ne le structurons pas.
Nous ne l'optimisons pas.
Car si on ne veut pas se laisser abattre, il faut bouger.
Et pour bouger efficacement, il faut designer.
En fait, nous faisons de la science quand nous designons notre vie.
La différence cruciale ? L'itération.
Ceux qui designent leur vie avec succès ne s'arrêtent pas au premier échec.
Ils testent, analysent, ajustent, recommencent.
Ceux qui restent bloqués arrêtent d'itérer.
Ils acceptent leurs problèmes comme des fatalités au lieu de les voir comme des défis de design.
C'est une question de mentalité.
Quand on designe sa vie, on souhaite l'améliorer.
L'amélioration continue, c'est un désir.
La révélation finale
Toute cette réflexion bouleverse notre vocabulaire.
Pendant des années, nous avons parlé de "développement personnel".
Des milliers de livres, de méthodes, de gourous nous promettent la transformation.
Nous nous trompons de mot.
Développer, c'est appliqué.
C'est attendre que quelque chose marche.
Designer, c'est actif.
C'est créer intentionnellement.
Le développement personnel vous dit : "Voici LA méthode qui marche."
Le design personnel vous dit : "Voici comment créer la méthode qui marche pour vous."
Car comme tout bon designer le sait, il n'y a pas de solution universelle.
Il y a votre contexte.
Vos contraintes.
Vos objectifs.
Votre personnalité unique.
Il y a votre design.
Nous ne développons pas notre personnalité.
Nous la designons.
Projet par projet.
Itération par itération.
Solution par solution.
Le design de soi est une recherche du mieux.
C'est la conclusion de toute quête d'amélioration personnelle.
C’est être designer et utilisateur.
Nous devrions arrêter de parler de développement personnel.
Et commencer à parler de Design Personnel.
À très vite,
Michel
📝 Citation du Jour
« Connais-toi toi-même. »
— Socrate
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J'aimerais vraiment connaître ton expérience :
Quel aspect de ta vie as-tu "designé" récemment sans t'en rendre compte ?
Dans quel domaine as-tu arrêté d'itérer et accepté une situation insatisfaisante ?
Comment pourrais-tu appliquer le design thinking à un défi personnel actuel ?